Après le Brexit, le statut de citoyen britannique en Europe est équivalent à celui du touriste chinois
Le 31 décembre 2020, 67 millions de ressortissants britanniques ont perdu le droit de s’installer et de travailler au sein de l’UE et dans d’autres pays. De la même façon, les citoyens de l’UE ont perdu ces droits sur les territoires du Royaume-Uni. C’est la plus grande perte de droits dont on se souvienne.
Les deux juristes constatent que le Brexit a engendré la plus grande perte de droits pour l’ensemble des citoyens européens et proposent des solutions pour en atténuer les effets néfastes.
Tribune. Comme ont pu le découvrir avec effarement d’innombrables voyageurs du Royaume-Uni qui se sont vu refuser l’entrée dans l’Union européenne (UE) au Nouvel An, la conséquence la plus dramatique du Brexit est la perte de la citoyenneté européenne pour les Britanniques.
Le 31 décembre 2020, 67 millions de ressortissants britanniques ont perdu le droit de s’installer et de travailler au sein de l’UE et dans d’autres pays. De la même façon, les citoyens de l’UE ont perdu ces droits sur les territoires du Royaume-Uni. C’est la plus grande perte de droits dont on se souvienne.
En effet, cela faisait plus de quarante ans que les citoyens britanniques en voyage d’affaires ou touristique ou encore établis en Europe continentale bénéficiaient du statut de ressortissants européens dans leurs pays d’accueil. Il en allait de même pour les citoyens de l’UE qui s’étaient installés au Royaume-Uni au fil des ans. Il s’agit de l’essence même de la citoyenneté européenne : le droit de ne pas être discriminé et partant traité comme un ressortissant national dans chaque Etat membre de l’Union, quelle que soit sa nationalité.
Un terrible coup porté aux droits de tous les Britanniques
Sans surprise, la valeur du passeport du Royaume-Uni s’est effondrée, passant du top 10 à une place bien plus médiocre : les droits qui y sont attachés sont désormais comparables à ceux des nationalités argentine et brésilienne. Certes, les voyageurs du Royaume-Uni sont, pour le moment, toujours autorisés à circuler dans les pays de l’UE sans visa pendant un maximum de 90 jours, tous les 180 jours.
Toutefois, ce droit n’est pas inconditionnel. Ne nous voilons pas la face : la promesse d’égalité et de dignité dont bénéficiaient sans condition les détenteurs de la nationalité britannique s’est, depuis le Brexit, resserrée au seul territoire des îles Britanniques, alors qu’elle s’étendait, jusqu’en décembre 2020, à la quasi-totalité du continent européen. Le statut de citoyen britannique après le Brexit en Europe est désormais équivalent à celui du touriste chinois, à la différence près que le territoire et l’économie du Royaume-Uni ne sont pas comparables à ceux de la Chine.
C’est un terrible coup porté aux droits de tous les Britanniques, qu’il s’agisse des millions de citoyens dont les vies sont déjà étroitement liées au continent européen ou de tous ceux qui n’auront jamais cette opportunité. Mais au lieu de pester contre la décision du Royaume-Uni de sortir de l’UE, il est temps de songer à limiter les dégâts causés par cette perte de droits, soudaine et sans précédent.